La transition cloud-native des opérateurs : quel impact pour les établissements publics et les entreprises ?

25/08/2025 18:49 - Par Christèle

Définition et état des lieux : cloud-native, virtualisation, réseaux en tant que service

Qu’entend-on par “cloud-native” dans les télécoms ?

Le concept « cloud-native » s’applique aux architectures conçues pour exploiter pleinement les avantages du cloud : modularité, conteneurs, microservices, orchestration, scalabilité automatique. Dans le contexte des réseaux télécoms, cela signifie que les fonctions réseau traditionnelles (le cœur mobile, les fonctions voix, la collaboration, etc.) sont migrées vers des environnements virtualisés ou conteneurisés, souvent sur des plateformes clouds ou hybrides. suse.com+2
Ainsi, selon Light Reading, le cœur 5G est désormais « cloud-native technology » : de nombreux opérateurs sont “all in” dans le cloud pour les workloads critiques. Light Reading
Par ailleurs, selon Invoca, « Cloud was last year’s goal. Cloud-native is this year’s reality. » quand il s’agit des opérateurs télécoms. invoca.com

Virtualisation et réseaux en tant que service (NaaS)

La virtualisation (NFV – Network Function Virtualisation) a amorcé la transition du matériel propriétaire vers un logiciel fonctionnant sur du matériel générique. Le cloud-native est la prochaine étape : les fonctions passent en conteneurs (CNF – Cloud Native Network Functions), orchestrées par Kubernetes ou équivalent. suse.com+1
Parallèlement, le modèle « réseau en tant que service » (NaaS) permet aux usagers — entreprises ou administrations — d’accéder à des services télécoms flexibles, modulaires, pay-as-you-go, sans avoir à gérer l’infrastructure réseau physique complète.

État des lieux pour les opérateurs

Les opérateurs télécoms accélèrent leur migration vers des plateformes « telco cloud ». Par exemple :

  • Une étude montre que 57 % des opérateurs envisagent de déployer une « common telco cloud platform but discrete clusters/implementations per vendor or domain ». Light Reading

  • Le cloud-native ne reste plus un concept mais devient un impératif pour les services réseau, voix et collaboration.
    Ce mouvement crée un effet de masse sur les fournisseurs de services (opérateurs) — et donc, pour vous en tant qu’utilisateur (école, administration, entreprise), il est essentiel d’en mesurer l’impact.


Impacts pour les utilisateurs : agilité, coûts, sécurité, dépendances

Agilité accrue et vitesse de mise en service

Le passage au cloud-native permet aux opérateurs et à leurs clients de bénéficier d’une plus grande rapidité dans le lancement de services. Avec une infrastructure logicielle, la mise à jour, l’ajout de fonctionnalités ou le déploiement géographique deviennent plus rapides. Comme l’indique Invoca : « faster experimentation on plans and bundles… more resilient services ». invoca.com
Pour une école ou une administration, cela peut se traduire par une capacité à adapter le service télécom (voix, visioconférence, bande passante) en fonction des pics d’usage (examens, séminaires, événements) sans devoir attendre plusieurs mois.

Réduction des coûts et optimisation des ressources

Les architectures cloud-native permettent une meilleure utilisation des ressources (scalabilité automatique, consommation selon le besoin) et donc une maîtrise des coûts d’exploitation. Le modèle « pay-as-you-go » se répand. Pour l’utilisateur final, cela peut se traduire par une offre de réseau, voix, collaboration plus flexible et potentiellement moins coûteuse.
Cependant, attention : «moins coûteux» ne veut pas dire «sans investissement initial». Il faut souvent prendre en compte les coûts de migration, d’intégration et de formation.

Sécurité, conformité et dépendances

La transformation cloud-native introduit de nouveaux enjeux :

  • Sécurité : le réseau, auparavant matériel et cloisonné, devient logiciel, potentiellement distribué, souvent multi-cloud. Cela accroît la surface d’attaque. suse.com+1

  • Conformité et souveraineté : pour les établissements publics/administrations, les données doivent parfois rester sur sol national, sous certaines normes. Le modèle cloud-native peut imposer de bien vérifier la localisation des données, les certifications, les accords de niveau de service.

  • Dépendance fournisseur : le modèle cloud-native peut favoriser un ou plusieurs fournisseurs cloud ou opérateurs. Il faut donc bien anticiper le risque de “vendor lock-in” et prévoir des stratégies de sortie/migration.


Compatibilité et transition

Pour les utilisateurs, la transition suppose :

  • Que vos services télécoms actuels (voix, réseau fixe, mobile, collaboration) restent opérationnels pendant la migration.

  • Que le fournisseur d’opérateur ou de service garantisse l’interopérabilité entre l’environnement legacy (ex. réseau fixe traditionnel) et l’environnement cloud-native.

  • Que vos usages ne soient pas perturbés (examen en visioconf, accès aux applications collaboratives). Le plan de migration doit donc être « sans couture ».


Spécificités pour les administrations/écoles : contraintes de souveraineté, budget, compatibilité

Souveraineté, conformité, localisation des données

Les établissements publics et les écoles sont soumis à des obligations spécifiques : protection des données personnelles (ex. élèves, usagers), responsabilité juridique, conformité avec les législations nationales européennes (RGPD) et parfois localisation des données. Le passage à des architectures cloud-native doit être évalué à l’aune de ces contraintes.
Par exemple, choisir un opérateur proposant des centres de données en France ou Europe, avec des engagements clairs sur la gouvernance. L’article de SUSE indique que “digital sovereignty” est un enjeu clé dans la transformation telco cloud. suse.com

Budget et ressources limitées

Les écoles et administrations disposent souvent de budgets stricts, de cycles d’achat rigides, et de moyens IT plus limités que les grands groupes privés. La rationalisation des coûts est donc un enjeu majeur : la migration vers le cloud-native doit être justifiée sur un plan coût/bénéfice, et prévoir les phases d’amortissement, les ressources humaines nécessaires, la formation.
De plus, il faut souvent prévoir des appels d’offres, des procédures internes, ce qui peut ralentir la transition.

Compatibilité avec les usages et les services existants

Les écoles/administrations ont des usages spécifiques : visioconférences, classes hybrides, accès aux services collaboratifs, réseaux internes sécurisés, mobile, fixe, etc. Il est crucial de vérifier que l’opérateur cloud-native propose une couverture réseau et des services adaptés, sans perte de qualité ou de sécurité.
Le passage doit se faire par étapes, avec des phases de test, d’expérimentation, de pilote avant la mise en production à grande échelle.

Recommandations pour un pilotage efficace de la transition

1. Établir un diagnostic clair

  • Auditez votre infrastructure actuelle (réseaux, voix, collaboration) : quel est l’état ? quels sont les usages critiques ?

  • Identifiez vos objectifs : réduction de coûts, amélioration de service, agilité, sécurité renforcée.

  • Vérifiez l’écosystème de vos prestataires : opérateur télécom, cloud, services collaboratifs.


2. Prioriser les scénarios à fort impact

  • Choisissez un ou deux services à migrer en priorité (ex. voix sur IP, visioconférence, connexion mobile dédiée) en mode pilote.

  • fixez des indicateurs de succès (time to service, coût OPEX, satisfaction utilisateurs, latence, disponibilité).

  • Prévoyez les ressources internes (IT, télécom, sécurité) et externes (prestataire, opérateur).


3. Opter pour une approche progressive et hybride

  • Maintenez une architecture hybride tant que les services critiques ne sont pas totalement migrés.

  • Préservez les services legacy pendant la transition.

  • Assurez-vous de la compatibilité et de l’interopérabilité (ex. interconnexion entre réseau fixe actuel et services cloud-native).


4. Vérifier les engagements autour de la sécurité et de la conformité

  • Demandez des garanties sur la localisation des données, les certifications, la souveraineté.

  • Analysez le modèle d’engagement du prestataire (SLA, disponibilité, redondance, restauration).

  • Prévoyez un plan de sortie ou de migration vers un autre fournisseur si besoin.


5. Accompagner le changement humain et les compétences

  • Formez les équipes IT et télécom aux nouveaux modèles (cloud, conteneurisation, orchestration).

  • Communiquez aux utilisateurs internes (enseignants, collaborateurs, administratifs) les bénéfices attendus (meilleure qualité, agilité) et accompagnez les nouveaux usages.

  • Pilotez la transition de manière itérative, avec retours d’expérience.


6. Mesurer et piloter la performance

  • Installez un tableau de bord centralisé : temps de mise en service, coût, latence, disponibilité, satisfaction utilisateur.

  • Revoyez périodiquement (trimestriellement) les résultats du pilote et ajustez la feuille de route.

  • Capitalisez sur les gains et préparez l’industrialisation.


La transition vers des architectures cloud-native chez les opérateurs télécoms représente un virage stratégique majeur pour les établissements publics, les écoles et les entreprises. Elle promet agilité, réduction des coûts, services flexibles et évolutifs. Mais elle impose aussi rigueur, vigilance et anticipation : infrastructures, budget, conformité, compétences, gouvernance.
En suivant une démarche progressive, pilotée, bien outillée et alignée sur vos usages, vous pouvez faire de cette transition un levier de transformation opérationnelle — et non un simple changement technique.

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Christèle